Fondation et empire by Asimov Isaac

Fondation et empire by Asimov Isaac

Author:Asimov,Isaac [Asimov,Isaac]
Format: epub
Publisher: Alexandriz
Published: 1952-01-15T14:00:00+00:00


V

Il y avait une raison au fait que l’élément connu sous le nom de » science pure » fût la forme de vie la plus libre de la Fondation. Dans une Galaxie où la prédominance – voire la survivance – de la Fondation continuait à reposer sur sa supériorité technique, le savant jouissait d’une certaine immunité. On avait besoin de lui, et il le savait.

De même, il y avait des raisons pour qu’Ebling Mis – seuls ceux qui ne le connaissaient pas ajoutaient ses titres à son nom – fût la forme de vie la plus libre dans la » science pure » de la Fondation. Dans un monde où la science était respectée, il était le Savant, avec un S majuscule. On avait besoin de lui et il le savait.

Ainsi, lorsque les autres pliaient le genou, refusait-il de les imiter en déclarant d’une voix claire que ses ancêtres, en leur temps, n’avaient plié le genou devant aucun freluquet de Maire. D’ailleurs, du temps de ses ancêtres, le Maire était élu et destitué quand on voulait, et les seuls à hériter de quelque chose par droit de naissance étaient les idiots congénitaux.

Aussi, quand Ebling Mis décida de laisser Indbur lui faire l’honneur d’une audience, n’attendit-il pas qu’on eût transmis sa demande par la voie hiérarchique et que la réponse favorable lui fût revenue par le même chemin – mais, ayant jeté sur ses épaules la moins délabrée de ses deux vestes de cérémonie, coiffé un chapeau bizarre et allumé un cigare interdit, s’engouffra-t-il devant deux gardes qui protestaient vainement, pour entrer dans le palais du Maire.

Son Excellence apprit l’intrusion, lorsque, de son jardin, il entendit des exclamations de plus en plus proches et le torrent de jurons, lancés d’une voix tonnante, qui leur répondait.

Indbur reposa lentement son déplantoir ; lentement, il se redressa et, lentement, il fronça les sourcils. Indbur s’octroyait chaque jour un petit délassement et, pendant deux heures au début de l’après-midi, si le temps le permettait, il était dans son jardin. Et là, personne ne le dérangeait... Personne !

Indbur se dépouilla de ses gants de jardinage, tout en s’approchant de la petite porte.

« Que signifie tout cela ? » demanda-t-il.

Cette question est généralement de pure forme et on ne la pose jamais qu’en tant que manifestation de dignité. Mais la réponse cette fois fut effective, car Mis surgit brusquement devant lui dans un terrible tumulte, tandis qu’un de ses poings venait frapper les gardes qui se cramponnaient encore aux lambeaux de sa cape.

Indbur, d’un geste, les congédia ; Mis se pencha pour ramasser ce qui restait de son chapeau, épousseta une partie de la poussière qui le maculait, le fourra sous son bras et dit :

« Dites-moi, Indbur, ces crétins qui vous gardent me doivent un bon manteau. Il aurait encore pu me faire de l’usage. » Il s’épongea le front d’un geste quelque peu théâtral.

Le Maire se raidit et dit d’un ton pincé, du haut de son mètre cinquante-cinq :

« Je n’ai pas été informé, Mis, que vous ayez sollicité une audience.



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